Rym Najjar est cadre au ministère de l’Economie palestinien. Elle […]
Rym Najjar est cadre au ministère de l’Economie palestinien. Elle vit à Ramallah avec son époux et deux de ses trois enfants, étudiants. Sa seconde fille est étudiante à Berlin. Elle dévoile la situation d’un pays doublement confiné.
« Jusqu’à présent la vie “sous le coronavirus” est acceptable. Les gens comprennent que la Palestine est un pays très pauvre et occupé. Nous n’avons pas d’autre moyen pour nous défendre que de rester dans nos maisons. Nous avons maintenant deux ennemis : l’occupation israélienne et le coronavirus. Les deux sont des ennemis de l’humanité.
Mais, bien sûr, nous devons continuer à faire vivre le pays et certaines activités sont maintenues. Concernant le secteur public, tout est à l’arrêt en dehors des ministères de l’Intérieur, de l’Economie, de la Santé et des Finances, qui sont en service minimum, jamais plus de 10 personnes en même temps. La majorité du secteur privé travaille à la maison, exceptées les banques qui tournent avec un tiers de leur personnel. Les commerces restent bien sûr en première ligne : pharmacies et boulangeries, magasins d’alimentation et postes à essence fonctionnent de 8 heures à 19 heures.
Nous sommes surtout inquiets parce que les fournitures hospitalières n’entrent qu’en très petite quantité en raison des capacités limitées de l’Etat de Palestine.
Heureusement, il existe une très grande solidarité ici. De nombreuses initiatives ont été prises par la population comme des dons de nourriture ou de fournitures de désinfection aux plus pauvres ; des bénévoles ont pris en charge le nettoyage des rues ; des volontaires gardent les entrées des villages et installent des tentes pour répondre aux incursions répétées de l’armée d’occupation et des colons dans les villages ; le secteur privé a collecté des dons pour le ministère de la Santé afin d’acheter des fournitures médicales…
Alors, certes, il existe une grande crainte de la propagation de l’infection car nous connaissons les capacités limitées du gouvernement palestinien. Mais, d’un autre côté, il y a un sens élevé de la responsabilité sociale et un grand défi que nous devons gagner contre cette épidémie.