Per Olov Enquist est mort ; l’auteur suédois de « l’Ange déchu » était âgé de 85 ans. Il avait raconté ses mille et une vies d’un écrivain boréal, en 2010, dans des Mémoires.
Il est le seul romancier au monde qui ait expérimenté une grève de la faim pour comprendre ce qu’enduraient ses personnages. Une longue et sévère épreuve, poursuivie jusqu’au seuil des hallucinations. C’était pour « l’Extradition des Baltes », qui lui valut le grand prix de littérature du Conseil nordique, une sorte de Nobel de consolation pour les grands écrivains que l’infortune, en ces temps d’éthique souveraine, fait naître suédois.
Per Olov Enquist est un perfectionniste. Ses romans sont, comme on dit, des « romans vrais ». Tellement « vrais » qu’ils ont créé un genre, assez affreusement baptisé le « roman documentaire », et dont il est le maître incontesté. Son autobiographie est imprégnée de cette doctrine, mélange de neutralité suédoise et de soumission têtue aux faits, dénuée de complaisance mais non d’ironie.